Le Cameroun et le Kenya veulent convaincre leurs communautés sous-régionales respectives de signer les APE

Des concertations sous régionales se multiplient en Afrique au sujet de l’adoption des accords de partenariats économique  (APE) avec l’Union Européenne. Dans la Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC), les chefs d’Etats des pays membres ont abordé le sujet lors d’une réunion extraordinaire qui s’est tenu le 30 juillet dernier.
Cette rencontre s’est tenue alors que le Cameroun, première économie de cette sous-région, connaîtra l’entrée en vigueur le 4 août 2016 de l’accord d’étape, qui singularisera ses relations avec l’UE et introduira des complexités dans l’union douanière qu’elle partage avec les autres pays de la sous-région. A Malabo, où se déroulait le sommet extraordinaire, les présidents Ali Bongo du Gabon et Teodoro Obiang Nguema de Guinée Equatoriale ont plaidé pour la signature d’un « accord de partenariat économique (APE) complet, juste et équilibré » avec l’UE, au nom de la Communauté économique des Etats d’Afrique centrale (Cemac).

En Afrique de l’Est, c’est le Kenya, première économie de la région, qui mène les discussions. Le président Uhuru Kenyatta pousse ses homologues de Tanzanie, de l’Ouganda, du Rwanda et du Soudan du sud, à adhérer aux APE. Le Kenya a indiqué le 17 juillet qu’il n’excluait pas de poursuivre les négociations vers un accord individuel. Une réponse notamment à la Tanzanie qui, après 10 ans de négociations, a fait savoir qu’elle se retiendrait de signer les APE en raison du Brexit.

Tout comme le Cameroun, le Kenya ne peut se permettre d’attendre. Dans le cas où un accord n’est pas trouvé, le pays se verra appliqué, dès octobre 2016, des barrières tarifaires sur ses exportations vers le marché européen, soit environ 30% du volume total. Une situation que le Kenya ne peut se permettre de laisser perdurer, dans le contexte actuel de volatilité de sa monnaie.

En Afrique centrale on semble finalement loin d’un accord régional complet. Le journal camerounais Quotidien de l’Economie a révélé dans un récent article, que l’Union Européenne ne souhaitait plus négocier avec la CEMAC, invitant les autres Etats à adhérer à l’accord préalablement signé par le Cameroun. Une chose à laquelle ces derniers se sont refusés jusqu’ici.

Présentés par l’UE comme un nouvel instrument de développement, les APE sont fortement critiqués au sein des opinions publiques africaines. Pourtant, aucune étude indépendante n’a vraiment été faite sur les impacts possibles (négatifs ou positifs) de leurs signatures sur les économies des pays concernés.

Selon les données du commerce international, même si la Chine, prise individuellement, est le premier partenaire économique des deux blocs-sous-régionaux, l’Union Européenne continue de jouer un rôle prépondérant dans les exportations nettes de l’Afrique subsaharienne.

L’évolution de ces négociations sera particulièrement suivie au Kenya ou six entreprises du Nairobi Securities Exchange (le marché financier local) tirent leurs revenus de l’exportation de biens agricoles comme le café, le thé et autres produits de l’agro-business.

Idriss Linge – (Agence Ecofin)