L’Africa CEO Forum, lieu d’échanges intellectuels et économiques.

La troisième édition de l’Africa CEO Forum s’est ouverte le 16 mars matin à Genève, à 9h heure locale. Pendant deux jours, environ 800 chefs d’entreprises opérants en Afrique, venus de 63 pays, dont 43 africains ont échangé, débattu et discuté affaires à l’Intercontinental de Genève.
Les deux co-organisateurs, dans leurs discours d’ouverture, Amir Ben Yahmed, vice-président du Groupe Jeune Afrique, et Donald Kaberuka, président de la Banque africaine de développement, se sont interrogés sur les difficultés économiques récentes que connaît l’Afrique.
“Ebola, crises qui se répètent, prix du pétrole qui baisse… La période faste est-elle terminée en Afrique ?”, s’est interrogé Donald Kaberuka, ajoutant que les questionnements actuels lui donnaient un sentiment de “déjà-vu”. “En 2008 et 2009, en pleine crise financière internationale, on me demandait si c’était la fin pour l’Afrique. Nous avons fait ce que nous avions à faire et l’Afrique s’en est très bien sortie”, a ajouté le Rwandais qui quittera bientôt ses fonctions.

Déficit croissant

Amir Ben Yahmed a rappelé les progrès réalisés par l’Afrique depuis 10 ans tout en insistant sur les défis actuels : l’augmentation des déficits budgétaires de 0% du PIB à 5,1% du PIB durant les cinq dernières années ; le ratio dette/PIB passé de 28 % à 39 % sur la même période ; et la baisse des revenus gouvernementaux estimés à 70 milliards de dollars (sur un total de 600 milliards chaque année) en raison de la baisse des cours du pétrole et de nombreux minerais.
Le vice-président du Groupe Jeune Afrique a aussi insisté sur ce qui sera l’un des autres temps forts de l’Africa CEO Forum : le climat des affaires. En 2015, 34 pays africains figurent parmi les 50 derniers pays classés au Doing Business. Et seulement trois dans les 50 premiers : Maurice, Rwanda et l’Afrique du Sud.

Panels

Une nouvelle fois, l’Africa CEO Forum a réuni les plus grands noms de l’économie africaine. De nombreux Kényans ont fait le déplacement, aux côtés de Nigérians, de Ghanéens et de Sud-Africains, renforçant la présence de l’Afrique anglophone. Le rendez-vous est aussi devenu celui des multinationales, comme l’ont confirmé la présence de Pierre-André Terisse, patron Afrique de Danone, et celle de Jean-Sébastien Decaux, l’un des héritiers du numéro deux mondial de l’affichage urbain, JCDecaux, qui vient de finaliser l’acquisition du sud-africain Continental Outdoor Media.
Les participants ont pu suivre trois grandes conférences : sur les trajectoires de croissance des économies africaines, sur la réforme de l’environnement des affaires et sur l’explosion des villes. En complément, cinq thèmes (le développement des technologies numériques, les entreprises familiales, la diversification des sources de financement, les clés d’une acquisition réussie et la création de champions africains) ont fait l’objet de panels spécifiques.
Au cœur de nombreuses discussions, l’industrialisation semble de nouveau figurer parmi les priorités des décideurs. À la clé, les emplois dont le continent a tant besoin et le développement du commerce intra-africain, a rappelé Venkataramani Srivathsan, directeur général d’Olam en Afrique et au Moyen-Orient. “Si le Niger n’importera jamais de cacao brut de Côte d’Ivoire, il se fera en revanche un plaisir d’acheter des tablettes de chocolat venues d’Abidjan, aussi savoureuses et moins chères que celles fabriquées en Europe”, a résumé un panéliste.

En trois éditions, l’Africa CEO Forum est devenu le rendez-vous incontournable des décideurs économiques d’Alger au Cap. Initialement prévu en Côte d’Ivoire, il a finalement été une nouvelle fois organisé en Suisse, en raison, entre autres, des incertitudes, pour un événement qui doit être planifié de longs mois à l’avance, que faisait planer la crise Ebola. À la tribune, Daniel Kablan Duncan, le Premier ministre ivoirien, n’a cependant pas manqué de renouveler l’invitation de son pays pour la prochaine édition, en 2016. D’autres candidats, du Rwanda au Kenya en passant par le Ghana et le Maroc, sont sur les rangs. Après deux jours de communion pour célébrer et entretenir la croissance africaine, la compétition a déjà repris. C’est la dure loi des affaires.

Jeune Afrique

 

L’évènement en photos